jeudi 21 août 2008

Pour débarrasser Carcassonne de la corrida

sangre

L'espagne a cette particularité de maintenir, en ce début de 21ème siècle, des fêtes populaires, des manifestations votives, des délires collectifs, des processions baroques et morbides, des moments exaltés, bruyants, dévergondés et sanglants souvent.

On dit que ces moments sauvages sont une voie privilégiée pour explorer l'insconscient collectif.

Derrière les flambeaux, l'ombre. Après les cris, les larmes. Pas celles de la Vierge Marie ou du Christ.

Non. Elles coulent des yeux de cet animal, totem de ces populations à la ramasse, superstitieuses, à la vitalité cruelle; de ce héros noir du pourtour méditerranéen.

Le taureau.

Quand l'été s'installe, des coins les plus reculés de la Castille au fin fond de l'Andalousie, on le lâche dans les rues pour subir un sort terrifiant, on essaie, à Denia (bous a la mar ) ou dans les Asturies, de le faire tomber dans le port, on le crible de fléchettes vers Séville, on enflamme, en aragonais, une prothèse fixée sur ses cornes...Cours, cours, toro de fuego, qu'est ce qu'on se marre !
Et à Teruel, comme à Soria, quelle joie de courir dans les rues devant la bestiole terrorisée, cornes en feu, écumante puis de la tuer sur place, de la découper en morceaux et de les faire cuire dans d'immenses chaudrons plantés sur la place publique...

Fêtes défoulatoires, à l'égal de la corrida, plus codifiée, plus théâtralisée.
La corrida est espagnole.
Elle a pris ses formes modernes en Espagne, au 18ème siècle. A partir de là, elle fut exportée dans le midi de la France et en Amérique Latine et devint, non plus une distraction de nobles mais une tradition populaire cadrée par des impératifs commerciaux (construction des arènes et places payantes).

Il se trouve que la France n'est pas l'Espagne, que Carcassonne n'est pas Séville, que la corrida est, dans notre pays, rejetée par 72% de nos concitoyens.

Nos amis espagnols ont déjà fort à faire pour mettre fin à toutes ces coutumes (qui renvoient pour beaucoup d'entre elles à l'ère préchrétienne) débiles.

Ne leur demandons pas un coup de main mais occupons-nous de nos affaires.

Tiens ! Le 23 août 2008, à Carcassonne justement !

Le CCAS (Comité carcassonnais pour l'abolition des corridas) et la SPA organisent un rassemblement à 09h30, place De Gaulle, (près de la caserne militaire) qui sera suivi d'un défilé dans les rues de la ville.

L'après-midi, nouveau rassemblement devant les arènes de l'espace Jean Cau, à 16h00.

Pour montrer que nous ne nous identifions pas à ces fantômes sinistres de l'âme espagnole, rites de purification ou cathartiques, sublimant le réel et gna gna gna... Ou à, comme l'écrivait Jean Brune (que tout le monde a oublié et c'est tant mieux) : "Cet éternel mystère, la vie de l'homme ainsi offerte pour que soit égorgé le mal."

Je t'en foutrai, moi, de cet éternel mystère !

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