mardi 21 juillet 2009

La triste histoire des petits Busards cendrés et des gros cons de chasseurs

BUSARD

Regarde bien cette photo. Elle est moche, très moche mais instructive.
Ce jeune oiseau, c'était un rapace diurne, encore au nid.
Il a été trouvé puis écrasé avec rage à coups de talon. Comme ses trois frères.

Ce rapace, c'était un Busard cendré (Cyrcus pygargus). C'est une espèce protégée. Sa maman, elle a passé toute la période froide dans les savanes africaines et elle est revenue en avril en France, notamment dans la région nord-est, pour faire son nid à même le sol, dans les cultures et y déposer quatre oeufs.
On l'appelle le prince des blés. Mais ça lui fait une belle jambe, au prince des blés. Il préfèrerait s'appeler le pouilleux des chaumes si ça pouvait lui sauver la peau.
Car c'est une espèce en grand danger, menacée par toutes les conneries que l'on devine : la baisse des effectifs de ses proies habituelles, les campagnols des champs, les intrants chimiques balancés dans les champs de céréales et les engins agricoles.

Justement, lui et ses frères, ils avaient eu très chaud au croupion; la veille du massacre, ils étaient passés tout juste à côté de la moissonneuse-batteuse.
Oui, ça fauchait dur du côté de Moussières, commune de Longwy-sur-le-Doubs (Jura). Mais sans conséquence fâcheuse.
Heureusement, ils étaient bagués les oisillons. Cela veut dire que des gens biens (mais inquiets), des ornithos, des naturalistes, voulaient veiller sur eux, sur leur développement de petits Busards cendrés.
Quinze couples pour le Jura-nord, c'est que dalle. Il faut se crever la paillasse pour assurer leur devenir.

Mais la racaille des talus guettait. Le pire ennemi de la faune sauvage, c'est elle. Les semeurs de trépas, les nuques épaisses à front rouge fliquaient l'endroit.
Repérer les nids...Fastoche ! Ils n'ont que ça à foutre.

La nichée a été écrasée à coups de talon.

Tu imagines le panard ?
Tuer des oiseaux.
Protégés.
Protégés par la LPO et l'association Athénas.

Trois bonnes raisons de postillonner à la face du monde : "Nous sommes des gros cons de chasseurs !".


dimanche 5 juillet 2009

Coquillages et crustacés : rave party à Quiberon

images

Quiberon. Morbihan.
La rumeur agitait la province benthique depuis plusieurs semaines.
De la gent Mollusque lamellibranche aux Echinodermes échinides en passant par les Astérides, on ne parlait que de ça : "Lafarge va laisser béton".

C'est Ursule le crabe qui annonca officiellement la bonne nouvelle. Celle que tout le monde attendait. Il était tombé en effet sur un exemplaire du quotidien Ouest-France laissé sur la plage (et de toute façon, c'est le seul qui peut tourner les pages) : Lafarge jette l'éponge (c'est le cas de le dire*) dans son projet d'extraction de sable en mer, au large de la presqu'île de Quiberon.
Tu peux te reporter à mon article du 26 mars 2007 :
http://taomugaia.canalblog.com/archives/2007/03/26/8016883.html

La mobilisation du collectif Le Peuple des dunes a été pour beaucoup dans l'abandon de ce projet. Mais le petit coup de pouce bienvenu et très efficace a été donné involontairement par l'armée française qui a confirmé que le sous-sol de la future zone d'exploitation était bourré de vieilles bombes et de munitions diverses datant de la seconde guerre mondiale et qu'en plus, cette ancienne zone de tir allait accueillir les exercices de tir des armées européennes dans le cadre de l'OTAN.

Un projet pourri de moins; un désastre écologique évité; pourvu que Lafarge n'aille pas faire ses conneries un peu plus loin, en zone bicécrale par exemple, là où il y a du sable roulé, comme ils disent...

* Les éponges appartiennent à ce que l'on appelle le benthos sessile, faune et flore fixées, comme les Bryozoaires ou les Algues par exemple, par opposition au benthos vagile, animaux rampant, fouissant, marchant.