vendredi 4 juillet 2008

Danse avec les poules ! Ou la vie singulière d' Emma McKay






A Norwich (Norfolk, Angleterre), pour des centaines de poules pondeuses, il y a un avant et un après dans leur vie.

Avant, c'est la détention en batterie, dans des conditions effroyables, pattes sur un support grillagé, pour pondre et pondre et pondre en attendant la 'réforme', triste euphémisme qui signifie le transport vers l'abattoir.
Cette issue fatale intervient après une année de production intensive.

Après, c'est de pouvoir voir, pour la première fois depuis leur naissance, le soleil, c'est d'avoir la possibilité d'agiter les ailes, c'est le plaisir de se percher et de gratter un sol bien feme.En définitive, d'avoir une vie normale de poule.

Les poules qui ont la chance de connaître cet après, elles la doivent à Emma McKay, femme de 37 ans, 3 enfants, un mari, Julian.

Depuis 3 ans, environ une fois par mois, Emma est prévenue par le propriétaire d'un élevage industriel de la région, colossale unité de machines à pondre (40000 volatiles), d'un envoi immiment de poules 'réformées' vers l'abattoir.
Elle part aussitôt avec quelques proches à bord de son véhicule utilitaire pour en ramener le plus possible et, à l'aide d'une centrale de coordination, les dirige vers des familles d'accueil purement volontaires.

Ce samedi là, Emma en a sauvé plusieurs centaines ! Dans son jardin, en permanence, 300 poules attendent d'être adoptées.
Ce samedi là, la queue des personnes qui se sont proposées pour repartir avec une ou plusieurs poules réchappées de l'enfer s'étale du pas de la porte de la maison d'Emma McKay jusque dans la rue.
L'émotion est palpable, l'agitation augmente au fur et à mesure que les têtes aperçoivent, derrière le muret du jardin, les bestioles s'ébrouant, un peu hagardes et assurément dans un sale état.

L'attente est telle que les gens ont largement le temps de chercher un petit nom pour la future adoptée.
Emma en est malade, à chaque fois, de ne pas pouvoir sauver toutes les poules qui sont destinées à l'abattoir. Son travail a un côté 'Liste de Schindler', dit-elle mais elle se force à ne penser qu'aux animaux 'élus'.

Emma n'en veut pas au propriétaire de cet élevage concentrationnaire. Il fait partie d'un système dont la clé de voute est le consommateur lambda, celui qui consomme et mange des gâteaux, des crêpes, des brioches, des pâtes, de la mayonnaise, tous ces produits fabriqués avec des oeufs de poules élevées en batterie.
Emma sauve des poules mais tout le monde, à son niveau, même modeste, peut en faire autant en veillant à acheter des produits élaborés avec des oeufs de poules élevées en libre parcours ou selon des normes biologiques.

Ce qui est curieux, c'est que les volailles secourues et rendues à une existence digne et entourée de bienveillance, voire d'affection, se remettent vite de leurs épreuves et redeviennent les poules pondeuses généreuses en oeufs qu'elles étaient alors.

J'allais oublier... Emma, en dehors de cet investissement, travaille. Elle a un métier. Elle est infirmière en milieu hospitalier.
Tu imagines les bonnes journées que ça lui fait ?
Au titre de cette activité bénévole, Emma est donc coordinatrice régionale d'une fondation créée il y a 5 ans par Jane Howorth qui, appuyée par un réseau de correspondants, se consacre au secours, au placement des poules pondeuses et bien sûr à la sensibilisation au problème de l'élevage en batterie.

Cette association s'appelle la Battery Hen Welfare Trust.
A l'heure où j'écris ces lignes, ce sont 88755 poules qui ont été déposées chez des particuliers charmants.
Oui, tu as bien lu ! 88755 bestioles plus ou moins déplumées, plus ou moins abîmées, qui ont été sauvées de l'abattoir.

Le site :
www.bhwt.org.uk

Tu y trouveras des photos délicieuses, des possibilités de soutien, des infos et une inscription à la newsletter.

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