mercredi 16 juillet 2008

Corrida : l'afeitado au service de la comptabilité de la chair morte







Imagine que, complètement éperdu(e), après avoir pris un phénoménal coup de soleil sur la tronche, après avoir éclusé 3 boutanches de rosé de Provence, tu te trouves coincé(e) à table à côté d'un aficionado très proche de ta famille et que, bordel, tu songes : "j'ai chaud aux étiquettes, faut pas se fâcher, fais un effort, assure un peu, ya du monde et si je plombe l'ambiance...C'est mort pour l'après-midi et les siècles des siècles".


Et là, tu lui lances : " Dis-moi, mon con joli, l'afeitado, t'en penses quoi ?" " Le combat équitable entre l'animal et le torero, il est gravement vérolé au profit du sadique costumé, non ?"

Ne te fatigues pas pour lui rabâcher ta leçon sur l'afeitado, cet épointage des cornes, cette pratique qui consiste à scier à vif quelques centimètres des cornes pour affaiblir et rendre dingue de douleur le toro avant qu'il entre dans l'arène.

Ton interlocuteur te répondra, énervé, limite agressif : "l'afeitado ça n'existe plus. Manip' d'un autre âge. Basta. C'est désormais illégal. En vérité je te le dis, c'est la plaie de la corrida, beurck et beurck, il s'agit même d'une véritable perversion de l'art taurin puisqu'il en dénature complètement le sens. Dès lors que le toro est privé d'une partie de ses défenses naturelles, la corrida n'est plus qu'une parodie d'elle-même. Il lui manque ce qui en fait la substance: l'affrontement avec la mort."

Bon, il a picolé plus que toi et tu hésites donc à dégueuler sur la nappe. En plus, il n'est pas fini. Tu sais qu'il a loupé le programme essorage.
Poli(e) et indulgent(e), tu rétorques : "ouais, t'as raison, c'est comme le dopage dans le cyclisme et notamment dans le Tour de France ! C'est terminé tout ça, hé hé hé."
Erreur ! Il ne faut jamais contrarier un aficionado avec ce sujet de l'afeitado sinon il pète un câble.
Surtout si tu lui racontes ça.

Ce mardi 15 juillet 2008, le tribunal adminisratif d'appel de Huesca (Aragón, Espagne) a confirmé la décision, en première instance, de condamner l'élevage González Sánchez-Dalp pour manipulation frauduleuse des cornes d'un toro exécuté dans l'arène de cette même ville le 11 août 2006.
Le montantde l'amende (8000 euros), on s'en cogne.

Demeure le fait que tu sais pourquoi, à ta grande stupéfaction, le combat entre un artiste de la mort, aidé par son équipe de banderilleros et un pauvre toro mutilé tourne toujours à l'avantage de ce charlatan du vice après que la bestiole ait connu un calvaire innommable sur le sable ocre d'une arène.

PS : l'élevage María José Barral a également été sanctionné pour les mêmes raisons. Le tueur El Juli, le 10 août 2006, s'était facilement débarrassé de son toro. On sait pourquoi. Les professionnels du martyre ont des cadences à respecter. La jouissance des primitifs a ses raisons...

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