vendredi 16 novembre 2007

L’extrême-chasse ou les turpitudes de l’écologie kaki



Au début, ça énerve. C'est bien naturel. Ce qui a été commis l'a été pour, justement, qu'on ait les nerfs en pelote.
Et puis, on s'aperçoit que l'effet est de courte durée.

Il faut dire que la charge est grossière, risible même. Digne d'eux.
CPNT, le parti des miliciens de la nature, protecteurs du vivant en treillis. Et armés.

Ecologistes aux yeux morts, comme ceux de leurs trophées, ressuscitant la nostalgie Vichyste. L'ordre doit régner, dans les têtes comme dans les champs. La terre ne ment pas, elle boit le sang versé par leur enthousiasme guerrier.

Le besace de CPNT devait être vide ce jour là. La nuque raide, dans un demi-sommeil, un responsable de ce gang de viandards a saisi, le 06 novembre, Rachida Dati, ministre de la Justice et des tribunaux vides pour lui demander de rappeler à l'ordre Gérard Charollois, magistrat de son état.

G. Charollois n'est pas un simple quidam. C'est le président de CVN (Convention Vie& Nature), un mouvement de réflexion et d'action visant à promouvoir ce que je résumerai comme étant l'écologie radicale, courant de pensée qui s'appuie notamment sur des convictions biocentristes.

Le site de CVN est indexé par ce blog depuis la création de ce dernier. C'est ici : http://www.ecologie-radicale.org

G. Charollois est l'objet du courroux des délateurs de CPNT car il aurait, dans quelques éditos (visibles sur le site), dit pis que pendre de la chasse et des chasseurs.
Rien de bien suspect, direz-vous...

Pour les cerveaux étroits de CPNT, si ! Car G.Charollois est vice-président du TGI de Périgueux et ils considérent que dans l'exercice de ses droits de citoyen, il aurait dépassé les bornes, enfreignant son devoir de réserve, "attitude gravissime d’un juge de la République qui ne peut que porter atteinte à l’Honneur et au crédit de la justice française"(sic) .

CPNT a donc bavé auprès de la Chancellerie pour qu'une mesure disciplinaire soit prise à l'endroit du président de CVN.

Je vous donne connaissance ci-après du communiqué officiel de CVN au sujet de cette aventure menée par les bras vengeurs de la ruralité et des chemins forestiers, semeurs de trépas et briqueurs névrotiques de fusils.

"Le parti politique d'extrême-chasse, CPNT, créé en 1989 par un Président de fédération de chasseurs qui l'anima jusqu'en 1998, date à laquelle il fut condamné en correctionnelle pour délit de droit commun, révèle sa véritable nature en demandant au gouvernement de sanctionner un magistrat de l'ordre judiciaire, M. Gérard CHAROLLOIS, en raison de ses écrits, nullement professionnels, hostiles à la chasse.

Il fut un temps, de sinistre mémoire, où des centaines de Français adressaient ainsi aux autorités publiques, des lettres de délations d'opinions contre les juifs, les communistes, les francs-maçons, les socialistes, les anglophiles, vouant ainsi leurs ennemis à nuit et brouillard.
On espérait ce temps révolu, mais les traditions ont la vie dure dans certains milieux hermétiques aux évolutions de la conscience.
Sur le fond, la saisine de la garde des sceaux par les chasseurs est incompréhensible juridiquement et participe d’une manifestation haineuse dirigée non pas contre une pensée, une conviction, mais une personne qui les porte.
En trente ans de carrière, ce magistrat a rencontré des milliers de justiciables.
Il ne s'en trouvera pas un seul pour soutenir que ce juge ait manqué, en quoi que ce soit, dans l'exercice de ses fonctions, à une quelconque obligation de réserve, à l'impartialité et même à la bienveillance à laquelle tout justiciable a droit.
Il ne se trouvera pas un seul avocat pour soutenir que ce juge ait été partisan, prosélyte dans l'exercice de ses fonctions.
Inversement, dans ses écrits, le Président de la CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE n'a jamais fait mention de sa qualité professionnelle totalement étrangère et dissociée des activités associatives.
Dès lors, l'accusation outrancière et malodorante du CPNT ne fait que déshonorer ce groupement de chasseurs qui, incapables de soutenir le débat des idées, attaquent personnellement leurs adversaires idéologiques.

Que dissociant rigoureusement ses fonctions et sa vie privée et militante, ce juge soit résolument antichasse participe de la liberté de conscience et d'expression de la pensée, liberté reconnue par un régime démocratique à tous les citoyens, y compris aux juges.
Ainsi, ce qui sépare irréductiblement les écologistes et les chasseurs n'est pas qu'un fossé plein de sang, c'est aussi une certaine conception des droits fondamentaux des femmes et des hommes, une certaine conception de la dignité humaine.

Lorsque le fondateur du CPNT termina sa carrière sur un banc de correctionnelle, les écologistes se gardèrent bien d'en tirer un quelconque profit politique et d'en faire une quelconque exploitation, car eux, à la différence de leurs ennemis, mènent le combat des idées, des valeurs, des convictions et non le combat contre des personnes.

Par ses agissements, le CPNT démasque son vrai visage qui est celui de la négation des droits de l'animal, bien évidemment, mais aussi l'injure faite à la liberté de pensée.

Que de tels hommes existent encore nous afflige.
Qu'ils soient nos ennemis nous en console un peu."

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