Paris; vendredi 31 juillet 1914; 20h15; restaurant Le Croissant.
Un jeune abruti, Raoul Villain, chauffé par les invectives de la presse nationaliste va-t-en-guerre, abat Jean Jaurés, 'Herr Jaurés' comme ils disaient, accusé de rouler pour les 'boches', alors qu'il tentait, de toutes ses forces, d'empêcher la monstrueuse fuite en avant en appelant au recours de la médiation britannique.
4 ans plus tard, c'était la grève générale dans toute l'Allemagne, la commune de Berlin, l'insurrection Spartakiste, Rosa Luxemburg qui sort de prison le 08 novembre 1918 et la proclamation de la République Libre Socialiste.
Noske, représentant la gauche molle, perfide, obtiendra les pleins pouvoirs pour liquider 'la canaille Spartakiste' dès janvier 1919.
Quelques mois plus tard, naîtra la révolution bavaroise, soit la république des soviets (proclamée le 06 avril à Munich), l'autogestion généralisée puis la répression, conduite par le même Noske.Gustav Landauer, révolutionnaire anarchiste, sera assassiné, crâne fracassé à coup de crosse.
Entre tous ces évènements, la tuerie, la grande guerre, que l'on commémore ce jour.
Quatre millions de morts, allemands et français.
Une saignée colossale qui a vidé 2 nations de leurs forces vives, menée, côté français, par des nullités effarantes, les Joffre, Nivelle et Pétain, commandants des armées.
Directement responsables de ces hécatombes, des échecs à répétition (notamment la bataille du Chemin des Dames en avril 1917), elles n'ont, ces ordures galonnées, jamais été sanctionnées.Au contraire, glorification du chef oblige, au nom de l'union sacrée, aucune disgrâce ne leur a été infligée. Aucun retrait du front.
Par contre, des fusillés pour l'exemple, ça oui !
En mémoire de ces hommes marmités, écrabouillés, éventrés, déchiquetés, sacrifiés, au titre de la gloire officielle de ces criminels képis imbéciles et des affaires des marchands d'armes, un petit poème, extrait d'un bouquin 'Les poètes de la Grande Guerre-le cherche midi éditeur', c'est à dire une anthologie de témoignages sur cette horreur, réalisée par Jacques Béal.
Et puis, une suggestion de lecture. Un polar, édité en poche dans la collection 'folio policier' de Gallimard.
"Le boucher des Hurlus" que ça s'appelle, écrit par Jean Amila (alias Jean Meckert).
Rien que d'en parler, j'en ai la chair de poule. Où il est question de la bataille de Perthes-les-Hurlus, dix fois repris et reperdu, en novembre 1917.
Près de 140000 'poilus' y laissèrent leur jeunesse.Pour rien : l'endroit n'avait aucune valeur stratégique.
Boucherie inutile. Vous savez pourquoi ?
Il fallait entretenir le moral des troupes !
Le poème : Chanson de Craonne (passages)
(...) Adieu la vie, adieu l'amour
Adieu à toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme
C'est à craonne, sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau,
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés.
(...) Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendront
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini, car les troufions
Vont tous se mettr'en grève
Vont tous se mettre en grève
Ce sera votre tour, messieurs les gros
De monter sur l'plateau
Car si vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau
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