samedi 17 novembre 2007

Cracotte





Une détresse unique.


C'est le dénominateur commun de tous les maux qui sont infligés aux animaux.


Les quelques faits divers, particuliers, singuliers, que je relate, concernent en réalité tous les cris que poussent les bêtes, celui, rauque, de la vache qui s'affale dans l'abattoir, celui, plaintif, du rat mutilé sur une paillasse de laboratoire, celui, muet, du serpent que l'on écrase à coup de pierre pour s'amuser.


Ne vous y trompez pas; ça me coûte terriblement de rendre visibles, audibles, toutes ces souffrances, cette descente continue dans l'abjection.


Je ne sais pas si ce serait plus commode de préférer le mutisme, de ne plus aller à la rencontre de ces conduites inqualifiables de l'homme. Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire, ne supprime pas la réalité et rien ne me dit que je ne serais plus troublé.


Alors, mon âme cherche son souffle, face à toutes ces douleurs.


Celle de Cracotte par exemple. C'était une ânesse de 3 ans qui vivait à St-Vérand (Isère), canton de St-Marcellin, avec une dizaine de ses congénères, dans un enclos.


Je tiens cette histoire d'une personne témoin direct des évènements. A ce jour, la presse, même locale, n'en a pas fait état. C'est dans les tuyaux, il paraît...


Samedi 03 novembre, une battue au chevreuil était organisée dans le coin. Les viandards, bien arrosés (pas par de l'eau, à ce qu'il semble) étaient complètement excités.


Croyant viser un chevreuil qui détalait, ils ont tiré comme des fous sur les ânes.
Cracotte a été touchée aux postérieurs. Carrément fracassés, elle s'est effondrée.
Une autre ânesse, affolée, s'est jetée contre les barbelés qui clôturaient la propriété.


Le vétérinaire n'a pas pu sauver Cracotte. Il l'a euthanasiée. L'autre ânesse s'en sortira.

Le propriétaire a l'intention de ne pas laisser passer ça.
Le président de l'association communale de chasse, un certain J.Arribert, n'a pas l'air d'avoir de lourds regrets à porter.

Sa réputation est faite, m'a-t-on dit ! Gâchette leste, discernement dans la gibecière, à côté des bouteilles de jaja.

Inutile de préciser que cette bavure fait du foin. L'indignation est palpable.


La question demeure ! Comment est-il possible qu'un chasseur, même blindé, puisse confondre un chevreuil et une ânesse ?
Et si ça allait au-delà de la simple méprise ?

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